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L’impact du changement climatique sur la qualité et la sécurité des aliments

Comprendre le changement climatique

Le changement climatique se caractérise par des variations durables des conditions climatiques qui résultent surtout de l’activité humaine (combustibles fossiles, déforestation, pratiques agricoles intensives). Cela augmente la concentration des gaz à effet de serre, notamment le dioxyde de carbone (CO₂) et le méthane (CH₄), causant le réchauffement de la planète et des événements extrêmes plus fréquents. La NASA, par exemple, note que depuis la fin du 19ème siècle, la température mondiale a augmenté d’un degré Celsius, l’océan s’est réchauffé de 0,33 degrés Celsius, et les glaciers reculent à une vitesse accrue partout dans le monde.

Impact du changement climatique sur la qualité et la sécurité des aliments

Les effets du changement climatique touchent de multiples aspects de la qualité et de la sécurité des aliments. La hausse des températures, l’augmentation des précipitations et la modification des écosystèmes favorisent la prolifération de pathogènes et la contamination par des toxines. L’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) met en avant trois risques principaux :

  • Risque biologique : Les températures élevées accélèrent la croissance de bactéries pathogènes comme Salmonella et Listeria, et favorisent l’apparition de toxines algales dans les produits de la mer. Les conditions de chaleur et d’humidité augmentent aussi les mycotoxines, comme l’aflatoxine dans les céréales, ce qui complique leur gestion et stockage. Selon la dernière évaluation de l’EFSA, la prévalence de Vibrio dans les fruits de mer devrait augmenter à la fois au niveau mondial et en Europe en raison du changement climatique, en particulier dans les eaux à faible salinité ou saumâtres.
  • Risque chimique : Le réchauffement et la sécheresse influent sur les sols, provoquant des niveaux accrus de métaux lourds (comme le cadmium) dans certaines cultures et une concentration de résidus de pesticides. Des algues toxiques se développent également dans les milieux aquatiques, rendant les fruits de mer plus vulnérables aux biotoxines.
  • Qualité nutritionnelle : L’augmentation du dioxyde de carbone entraîne une baisse des nutriments dans certaines cultures de base, comme le blé et le riz, ce qui peut aggraver la malnutrition. La diminution des teneurs en protéines, fer et zinc rend l’alimentation moins bénéfique pour la santé publique.

Mesures de renforcement pour la sécurité alimentaire, la qualité et la sécurité des aliments

Face à ce contexte, il est essentiel de mettre en place des plans d’atténuation et d’inclure le changement climatique dans les analyses de risques. Voici quelques éléments à considérer :

  1. Identification des dangers émergents : L’EFSA a développé le projet CLEFSA (Climate change as a driver of emerging risks for food and feed safety, plant, animal health and nutritional quality) qui a pour objectif d’identifier les dangers amplifiés ou induits par le climat. L’approche est décrite en détail dans un nouveau rapport publié en juin 2020 et utilise des « feuilles de score » pour caractériser les effets possibles du changement climatique sur un large éventail de questions liées à la sécurité des aliments. Ces données peuvent aider les industries à anticiper les périodes à risque élevé et à renforcer leurs systèmes d’alerte.
  2. Mise en œuvre de plan d’actions : La « Stratégie de la FAO au changement climatique 2022–2031 » repose sur l’idée que les systèmes agroalimentaires doivent être durables, inclusifs, résilients et adaptables face au changement climatique. Cette stratégie vise à s’attaquer à un vaste ensemble de problèmes imbriqués, notamment la perte de biodiversité, la désertification, la dégradation des terres et de l’environnement et la nécessité de disposer d’une énergie accessible, abordable et renouvelable et d’assurer la sécurité alimentaire et la sécurité de l’approvisionnement en eau.
  3. Adaptation des chaînes logistiques : Les températures croissantes nécessitent une adaptation des conditions de transport et de stockage pour prévenir la croissance de pathogènes pendant le transit. Une vigilance accrue dans les contrôles de température et les protocoles d’hygiène est cruciale.
  4. Formation continue : Sensibiliser les équipes aux risques climatiques et les former aux nouvelles pratiques et protocoles de sécurité des aliments est essentiel pour garantir la sécurité des produits et se tenir prêt dans le cadre de l’application d’un plan de continuité d’activité (PCA).

Intégration du changement climatique dans la norme ISO 22000 :2018

Un amendement A1:2024 a été intégré aux normes ISO pour inclure le changement climatique dans les systèmes de management. Ce texte, applicable à partir de février 2024, exige des entreprises, y compris les entreprises certifiées ISO 22000, de tenir compte des effets du climat sur leurs activités, par exemples face aux inondations, aux sécheresses, à la canicule, et à la recrudescence de maladies ou de nuisibles. Car cela peut impacter directement la continuité des opérations, la sécurité des zones de stockage, et la qualité des matières premières.

A noter que les entreprises engagées dans une démarche CSRD prennent déjà en considération ces enjeux de durabilité.

Pour les entreprises agroalimentaires, prendre en compte le changement climatique dans leurs analyses de risques devient crucial. Cela implique des mises à jour régulières des plans HACCP, l’ajustement des stratégies de surveillance et des pratiques de production et de distribution. En anticipant ces effets et en intégrant des mesures de résilience, les industries peuvent renforcer la pérennité de leur activité, la sécurité et la qualité de leurs produits face aux défis du changement climatique.

 Sources bibliographiques :


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